Conférence sur la citoyenneté en prison

compte-rendu de la conférence du 10 mars
sur la Citoyenneté en Prison 

 On peut regretter, tant pour l'intervenant qui méritait un auditoire nourri que pour ceux qui ont raté un moment d'exception, que nous n'ayons pas fait le plein pour la conférence du 10 mars sur la citoyenneté en prison à l' université du Maine

    Peut-être certains ont-ils eu peur d'assister à une réédition de la Journée des prison de décembre . En ce cas ils ont eu tort car Nocolas Frize est loin d'avoir suivi des chemins rebattus.

    Rares étaient ceux qui connaissaient bien l'action et l'oeuvre écrite de ce militant de La Ligue des Droits de l'Homme, responsable du groupe de réflexion sur les prisons. Il a pourtant derrière lui une expérience de l'univers carcéral qui remonte à quelque vingt années d'observation, de réflexion mais aussi d'intervention.

Il est à l'origine d'une unité de travail dans la prison de Saint Maur qui s'est spécialisée dans la restauration des archives sonores. Les détenus qui ont choisi d'y travailler y sont payés décemment  (contrairement aux autres activités proposées en prison)et y acquièrent une formation professionnelle qui est le gage d'une réinsertion possible à la sortie. Cette entreprise est en pleine expansion.

    Cette création est le fait d'un farouche défenseur des droits de l'homme qui a réfléchi au sens de la peine et ne voudrait pas que la privation de liberté soit assortie d'autres formes de souffrances inutiles. Or , comme J.M Delarue, Contrôleur Général des Lieux de privation des libertés, il constate que la prison brise les hommes, qu'elle est de fait un lieu de privation de citoyenneté. Les détenus doivent y   renoncer à être acteurs de leur vie, mais   subissent un statut qui leur est imposé par l'Institution pénitentiaire, laquelle s'incarne dans le pouvoir d'un homme, le directeur ,  au bon vouloir duquel est laissée l'application des lois . D'où la disparité des situations.

    Nicolas Frize, en penseur qu'il est, entre poète et philosophe, mais aussi en musicien, a su présenter de façon simple et libre mais non sans rigueur, un tableau sensible de la condition carcérale  aux antipodes d'un discours technique.  Sans emphase, il a touché son auditoire et atteint ainsi le but qui devrait être celui de nos conférences: ouvrir les yeux, faire tomber les préjugés, toucher du doigt la condition humaine  sous toutes ces formes , même minoritaires. Il nous a  fait prendre conscience de ce que notre société laisse faire en son nom à des fins d'ordre social.